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1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 17:14

La doctrine gandhienne a puisé certaines de ses notions clés dans la religion jaine. C’est le cas de l’ahimsa, la non-violence en pensée comme en acte.

De passage à Delhi après une marche gandhienne, ne pas visiter le temple jain d’Old Delhi (photo), situé tout près de l’immense Fort Rouge, aurait donc été impardonnable. 

Ce temple a pour particularité  d’abriter un hôpital pour les oiseaux. Dans des dizaines de cages alignées, perroquets verts, corbeaux, pigeons, poules et même aigles, paons ou dindes se remettent des traumatismes de la vie urbaine. Ailes cassées, pattes abimées, plumes arrachées ou ébouriffées, les blessures sont nombreuses et souvent graves. Cet hôpital atypique, qui peut recevoir 5000 volatiles  simultanément, ne fonctionne que grâce aux dons des particuliers.


Pour les jains, végétariens stricts, toute forme de vie doit être respectée. Les prêtres jains vont même jusqu’a porter un bandeau sur la bouche pour être sûrs de ne pas avaler d’insecte et à balayer systématiquement sur leur passage pour ne pas en écraser.

En Inde, ce ne sont pas les animaux éclopés qui manquent. A chaque coin de rue, on croise des chiens aux crânes ouverts, d’autres ayant perdu tous leurs poils. Chevaux, ânes ou chats ne sont pas mieux lotis.


Photos : à quelques mètres seulement de l’hôpital des oiseaux, un restaurant McDonald’s rutilant, sans doute moins respecteux du principe jaïn “live and let live”.

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26 octobre 2007 5 26 /10 /octobre /2007 16:26

Un peu loin des préoccupations des paysans sans terre touchant au but de leur marche, je refais un petit détour (mental) par Bhopal :

Voilà comment Tomm F. Sprinck, directeur du centre d’information d’Union Carbide, explique le rôle de l’entreprise dans la décontamination du site.

“L’entreprise Dow Chemicals n’a rien à voir avec la catastrophe de 1984, qui est survenue quinze ans avant la fusion entre Dow et Union Carbide. (…) L’entreprise n’a pas abandonné le site de Bhopal ; c’est le gouvernement indien qui a limité l’accès à l’usine très sévèrement. Ensuite, Union Carbide a dépensé plus de 2 millions de dollars pour la décontamination du site. Chaque étape de la décontamination a été approuvée, organisée et dirigée par le gouvernement indien.

En 1998, le gouvernement du Madhya Pradesh s’est publiquement engagé à terminer le travail de décontamination. Egalement en 1998, une étude de l’eau du robinet autour du site de l’usine, réalisée par l’autorité de contrôle de la pollution du Madhya Pradesh, a révélé que l’eau était effectivement contaminée, mais probablement à cause d’un problème de drainage et de pollution de l’environnement. Mais l’étude n’a pas révélé la présence des produits chimiques utilisés par Union Carbide. D’après un institut de santé d’Ahmedabad, le taux de pesticides et de mercure dans le sang des personnes vivant près de l’ancienne usine est comparable à celui d’Indiens habitant ailleurs dans le pays”.

Des études dont les résultats semblent bien loin de ce que constatent les ONG sur le terrain.

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 14:15

Je prenais Jaganath pour un homme travesti en femme, mais plusieurs personnes m’ont assuré qu’il s’agissait d’un hermaphrodite. Sari brode, rouge a lèvres rose sous une légère moustache noire, menton viril, il danse, tourne et tourbillonne au son des tambourins dans le cortège des paysans sans terre.


Ce danseur professionnel est venu avec quarante personnes de son village, près de Gwalior, dans le Madhya Pradesh. Habituellement, il danse dans les mariages et autres cérémonies, gagnant parfois jusqu’à 2000 ou 3000 roupies (40 ou 60 euros) en une seule fois. Qu’ils soient eunuques, hermaphrodites ou travestis, ces danseurs sont censés porter bonheur, mais vivent pourtant en marge de la société.

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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 14:06

Parmi les quelque 200 Occidentaux qui participent à la marche de paysans sans terre, d’un bout à l’autre ou pour quelques kilomètres seulement, chacun mériterait un roman. De l’inconditionnel des actions non-violentes, ancien du Larzac, à l’étudiante en anthropologie de l’EHESS, de l’anti-consumériste acharné au thésard passionné par le gandhisme, du défenseur de la ruralité arracheur d’OGM au gardien de nuit à tendances bouddhisantes, en passant par les médecins engagés et les fous de l’Inde en tout genre, chacun a ses motivations profondes, son étincelle dans les yeux, sous le rebord de son bob ou de son echarpe portée en turban.

Pourtant, sous ses interminables dreadlocks, Gerry Oulevay (photo) a une trajectoire encore plus atypique. Né il y a 24 ans dans un orphelinat de Bombay tenu par les religieuses de mère Térésa, puis adopté à l’âge de 8 mois par une famille suisse, il est venu en Inde sur ses propres traces. Et venu comment ? En vélo, tout simplement. Des Alpes suisses à Venise, de Ljubljana à Sofia, des rives turques de la mer Noire à l’Iran et au Pakistan, il a allègrement parcouru tout le chemin qui le séparait de New Delhi, pour venir ensuite rejoindre le cortège de Janadesh à pied.

“Le plus dur a été la traversée des Alpes dans la neige, au mois d’avril, raconte-t-il. J’ai même dû prendre un train pour passer un col.” Après la fin de la marche, il enfourchera à nouveau son vélo et, rejoint par sa femme, pédalera jusqu’à Bombay, pour travailler dans l’orphelinat de ses origines, et peut-être remonter la piste de sa mère biologique, qui semble mener a Goa.

Comme il faut donner le temps à ce genre de projet de prendre toute son amplitude, Gerry a pris trois années sabbatiques. Après l’Inde, il prévoit de continuer sa route, toujours en couple et en velo, vers…le Salvador. “Ma femme vient de là, et on pourrait y aller à travers l’Asie du Sud-Est, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, puis en bateau”.

Quand les rêves de certains sont à la dimension du monde, les maillots jaunes de tout  pays n’ont qu’à bien se tenir ! 

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17 octobre 2007 3 17 /10 /octobre /2007 16:41

Sur les hauteurs de Bhopal, dominant un lac, se trouve un gigantesque complexe dédié aux quelque 450  groupes d’adivasis (populations dites tribales) que compte l’Inde.

Il faudrait des dizaines d’heures pour explorer cet éco-musée, déserté par les visiteurs mais où le fait d’être suivi presque pas à pas par un gardien dans chaque salle rappelle curieusement l’ex-Allemagne de l’Est.

Des maisons et même des villages entiers reconstitués par les communautés d’adivasis elles-mêmes montrent comment chacune tire le meilleur parti de son environnement et des matériaux disponibles.

Dans plusieurs groupes ethniques de l’extrême Nord-Est du pays (Assam, près de la frontière birmane), les jeunes entre 8 ans et l’âge de leur mariage logent traditionnellement dans un grand dortoir, un pour les filles, un pour les garcons, le temps de s’initier à toutes les activités de la vie quotidienne : chasse, pêche, tissage, musique…

Les Todas des montagnes Nilgiri du Tamil Nadu (Sud du pays)  vivent pour leur part dans des huttes rondes à l’entrée très basse (voir photo). Toute leur culture est centrée sur le buffle, dont ils tirent lait et beurre. Cette tribu a fait l’objet de beaucoup d’attention de la part des anthropologues en raison de son mode de vie sédentaire mais entièrement fondé sur l’élevage.

Plus frapppantes encore sont les reproductions des pratiques culturelles des Onges des îles Andaman (au large du Sud-Est de l’Inde continentale). Il ne reste plus aujourd’hui qu’une centaine de personnes de ce groupe ethnique de type physique tout à fait africain . Les Onges se couvrent le corps de peintures à la glaise, chaque groupe matrilinéaire  utilisant un motif géométrique propre.

Sans ce type de musée, toutes ces coutumes et croyances pourraient bien disparaître de la mémoire de l’Humanité d’ici quelques courtes années.

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14 octobre 2007 7 14 /10 /octobre /2007 16:39

Bhopal. Ce nom suffit à donner des frissons dans le dos à quiconque a lu Dominique Lapierre (Il était minuit cinq à Bhopal). J’ai décidé de faire un petit crochet (enfin, “petit”, la proximité géographique est toujours relative en Inde : 10 heures de train de nuit dans chaque sens) par la capitale du Madhya Pradesh pour avoir une idée des conséquences que la catastrophe de 1984 continue à avoir sur la vie des habitants.
Rappel historique macabre : une nuit de décembre 1984, 40 tonnes de gaz mortel s’échappent de l’usine de pesticides américaine Union Carbide. Au moins 20 000 personnes périssent dans la catastrophe et sont enterrées sommairement dans des fosses communes. Un demi-million de personnes, sur une ville qui en compte 1,5 millions aujourd’hui,  souffrent de symptômes irréversibles qu’ils transmettent à leurs enfants. Dans un périmètre de deux kilomètres autour de l’usine désormais abandonnée, l’eau reste toujours hautement contaminée.

Rachna Dhinga travaille pour “International Campaign for Justice in Bhopal”. Elle énumère les pathologies dont souffrent les personnes ayant été exposées au gaz ou continuant à boire l’eau contaminée : cancers en tout genre, diabète, problèmes endocriniens, ménopause précoce…Les bébés, souvent prématurés et très petits, souffrent parfois d’une hypertrophie du haut du corps et d’autres handicaps physiques et mentaux.

La clinique où travaille Rachna (Sambhavna Trust Clinic) a été créée en 1996 grâce à des dons étrangers pour soigner gratuitement, en grande partie par les plantes, les malades chroniques de Bhopal, dont beaucoup avaient le système immunitaire affaibli par des années d’antibiotiques impuissants à les soulager. Sur les murs, des dessins d’enfants représentent des usines crachant une âcre fumée noire.

Ni le gouvernement indien ni Union Carbide (rachetée en 2001) n’ont entrepris quoi que ce soit pour décontaminer l’eau de Bhopal. Dans un an, le gouvernement devrait en revanche terminer l’installation d’une conduite d’eau qui amènera de l’eau de la rivière Narmada aux zones sinistrées, sans pour autant empêcher que chaque nouvelle mousson fasse pénétrer plus profondément les métaux lourds dans les nappes phréatiques.

En 2006, 57 personnes ont marché de Bhopal à Delhi (et oui, on marche beaucoup vers Delhi en Inde et pas seulement pour réclamer des terres) pour demander à Manmohan Singh de faire pression sur les Etats-Unis, qui refusent d’extrader Anderson, ancien PDG d’Union Carbide Corporation. Depuis, la position des Etats-Unis n’a pas bougé d’un iotat. Vendredi dernier (12 octobre) encore, une partie de la communauté indienne de Washington DC manifestait devant l’ambassade de l’Inde, indignée par l’incapacité des autorités à faire juger ceux qui ont rendu Bhopal si tristement célèbre.

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14 octobre 2007 7 14 /10 /octobre /2007 14:11

Lu dans le Times of India d’hier : selon un sondage réalisé par le “National Family Health Survey” en 2005-2006, 54% des femmes indiennes interrogées trouvent normal d’être battues par leurs maris. Un chiffre plus élevé que celui des maris qui trouvent normal de battre leurs épouses : tout de même 51% !

41% des femmes interrogées trouvent légitime d’être battues si elles ont manqué de respect à leur belle-famille, 35% si elles ont négligé les tâches domestiques ou les enfants.


Ce sondage révèle qu’on élève encore les petites filles en Inde en leur disant que leurs maris auront le droit de les battre si elles ne sont pas des épouses soumises exemplaires, tandis qu’on enseigne parfois aux hommes qu’il est répréhensible de battre leurs femmes. En Inde, 40% des femmes mariées sont battues et seuls 2% de ces 40% portent plainte auprès de la police. En d’autres termes, les femmes ne se considèrent pas comme victimes d’une situation injuste mais acceptent majoritairement leur sort.

L’étude apprend aussi que ce sont les femmes des classes les plus défavorisées, notamment dalits et adivasis, qui subissent le plus de violences domestiques. Le fait de les voir participer à un grand mouvement non-violent comme Janadesh n’est donc pas anodin. Les revendications des droits des femmes occupent une place importante dans les slogans des marcheurs, notamment le droit à hériter de la terre comme les hommes.

Par ailleurs, ce sondage sur les violences domestiques démontre que c’est dans les foyers jaïns que les femmes subissent le moins de violence : seuls 13% des épouses y sont régulièrement battues. Et on se rappelle alors que la philosophie de l’action gandhienne doit beaucoup à la doctrine jaine de la non-violence, en pensée comme en actes.


Photo : une femme participant à Janadesh avec son enfant.
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13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 14:00

Dire que l’Inde est une terre de contrastes semble être un cliché sans nom. Pourtant, que dire d’autre quand les galettes de bouse de vaches séchées cohabitent avec les téléphones portables, les chameaux attelés et les carioles à cheval avec les quatre-quatre les plus modernes ?

Sur le bord de la route, nous voyons souvent des femmes mettre à sécher des disques de bouse de vaches  qu’elles utiliseront pour alimenter le feu. Sur le bord des mêmes routes, mais en zones un peu plus urbanisées, les hommes s’arrêtent pour voir passer le cortège de Janadesh et prennent des photos ou filment avec leurs téléphones portables dernier cri.


Aujourd’hui, 157 millions d’Indiens possèdent un téléphone portable. Chaque mois, en moyenne 5,5 millions de personnes s’abonnent à des services de téléphonie mobile. En revanche, le taux de pénétration du téléphone fixe dans les campagnes n’est que de 4 a 6%.

Bien sûr, les activistes de la non-violence vivent aussi à l’ère des télécommunications. Le temps où Gandhi écrivait de longues lettres quasi-quotidiennes à ses plus fidèles soutiens et amis est révolu. Une organisation bien structurée comme Ekta Parishad a grand besoin des téléphones portables. Chaque groupe de 1000 marcheurs compte plusieurs “cadres” équipés de portables. Rajagopal, le leader, reçoit aussi de nombreux appels, entre deux cérémonies orchestrées par les notables locaux, où des lourds colliers de fleurs lui sont passés autour du cou.

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12 octobre 2007 5 12 /10 /octobre /2007 12:08

“Une larme sur le visage de l’éternité” selon le poète Tagore. Le Taj Mahal fut construit par l'empereur moghol Shah Jahan, inconsolable à la mort de son épouse Mumtaz MAhal, décédée alors qu'elle donnait naissance à son 14e enfant.

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20 septembre 2007 4 20 /09 /septembre /2007 18:04

Vu ce soir sur le site Internet du quotidien The Hindu, un grand journal national en anglais : un lien vers le site « Brahmins in India : search and marry from your own cast. Register free ! Search, chat and marry ».

Près de 60 ans après l’adoption de la constitution de l'Inde indépendante (1950), qui abolit le système des castes, dominé par les brahmanes (traditionnellement, les prêtres et enseignants), il y a de quoi se taper la tête contre les murs…
Les journaux indiens regorgent d'annonces matrimoniales classées par castes. Seules les personnes issues des communautés tribales ou intouchables, c'est à dire tout en bas de l'échelle sociale hindoue, précisent en général "caste indifférente".
Les annonces des musulmans, des sikhs, des chrétiens et des jaïns sont généralement classées à part. Au-delà de la caste et de la religion de nombreux autres critères entrent en ligne de compte : carnation (une peau foncée va presque toujours de paire avec l'appartenance à une basse caste), végétarisme plus ou moins stricte, langue maternelle, niveau d'étude, valeurs de la famille (plus ou moins traditionnelles...),revenu annuel... A lire certaines annonces, on se prend à se demander si la perle rare qui rassemblera toutes ces qualités existe belle et bien...


Photo : pendant la marche Janadesh, une femme porte un portrait d'Ambedkar, le père de la constitution indienne qui abolit le système des castes. Lui-même était intouchable (dalit, comme on dit aujourd'hui).

 

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Présentation

  • : Le blog de pondibéa
  • : reportage sur la marche des paysans sans terre indiens, de Gwalior à New Delhi, en octobre 2007
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Texte Libre

Ce blog se propose de suivre d'un bout à l'autre la grande marche gandhienne "Janadesh 2007" des paysans sans terre indiens, oubliés de la croissance de l'"Inde qui brille". Il en expliquera autant que possible les tenants et les aboutissants et profitera de cet immense mouvement populaire -25 000 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, en marche vers New Delhi- pour éclairer certains aspects de l'Inde contemporaine. Une Inde dont la population reste rurale à plus de 70%.
La blogeuse : Béatrice Roman-Amat, jeune journaliste passionnée par l'Inde.
Ce blog était à l'origine un blog de la rédaction du Monde interactif, mais quand lemonde.fr l'a archivé, je l'ai recréé sommairement sur over-blog.